Mère Saint Paul et le pensionnat de Landerneau
Jeunesse
Elle naquit à Saint-Brieuc le 19 juillet 1813. Dès l’enfance, elle fait preuve de piété : « Elle n’avait pas six ans qu’elle témoigna à sa mère le désir de faire une grande échelle. -Et pourquoi donc ? lui dit sa mère. -Oh ! maman, c’est pour monter au Ciel. ».
En 1822, elle fut atteinte de fièvre cérébrale. Elle fut soignée à Nantes par un célèbre docteur, Monsieur Richard. Elle revint auprès de ses parents à Laval en octobre 1823. Mr et Mme Le Vicomte élevèrent leurs enfants très sévèrement. Son intelligence est remarquée (elle aide son jeune frère Paul à faire ses devoirs de latin) et on lui donna les mêmes devoirs que ceux des écoliers du Collège de Laval, les maîtres corrigèrent ses thèmes et ses versions, on lui donna son rang et on la vit souvent remporter les prix d’excellence de thèmes et de versions. Avec des professeurs de latin, on lui donna des maîtres de rhétorique et de dessin.
En 1830, Mr Le Vicomte dut quitter son poste de directeur et un changement de train de vie s’impose. La famille quitta Laval pour la Bretagne : Kerbastique en été et Quimper en hiver. A son arrivée à Quimper, la famille fit connaissance avec un prêtre un diocèse : l’abbé Mével (Supérieur de la communauté du Calvaire).
Entrée au Calvaire de Landerneau
Arsène Le Vicomte entre au Calvaire de Landerneau le 9 août 1838. A ce moment, il y avait 30 religieuses et une seule novice. Arsène eut un doute sur sa vocation, elle ne se sentait pas heureuse au Calvaire, sa famille lui manquait cruellement. « Le bon Dieu l’attendait là. Il avait voulu convaincre à jamais sa petite servante de la pauvreté d’une âme qui s’appuie sur elle et non sur sa grâce. »[1] Elle rencontra en septembre 1838 le Chanoine Mével (Supérieur du Calvaire) qui l’aida à vaincre sa tentation de mettre fin à son séjour au Calvaire. Le 10 décembre 1838, elle prend l’habit et devient sœur Saint-Paul. La cérémonie de profession se déroula le 10 février 1840.
Sœur Saint-Paul fut attachée au Noviciat et on lui confia la première classe du pensionnat. Témoignage de Mère Sainte Adelaïde (directrice du Séminaire à partir de 1842) : « Elle a un bon jugement, un bo esprit, de très grands talents, elle est édifiante par son humilité, sa soumission, sa ferveur et sa régularité. Naturellement vive de caractère, sa grande vertu la maintient dans un extérieur égal. Elle a un tact particulier pour l’instruction de la jeunesse, sait se faire aimer et estimer des élèves qui apprécient son mérite. »
Les années de Priorat
Dès sa sortie du Séminaire (le 11 février 1846), elle y entra de nouveau comme seconde Maîtresse. Elle était déjà Secrétaire, elle fut nommée Doyenne et le 3 septembre 1850, la Mère Saint-Paul fut élue prieure à l’unanimité. Elle s’appliqua à reformer le programme des études. Le système des récompenses fut organisé. Les élèves ayant écrit la meilleure composition se voient décerner une médaille en argent avec un ruban de couleur différente suivant les classes.
Aux élections de 1853, elle fut nommée deuxième Assistante de la congrégation. C’est durant ces trois premières années de Priorat, en septembre 1855, que Mère Saint Paul reçut au Noviciat Mlle Félicité Le Gall, qui devait lui succéder sous le nom de Mère Emmanuel, et sous la direction de laquelle la Communauté et le Pensionnat prendraient un essor que seule la persécution combiste en 1901 devait ralentir pour un temps.
Le 17 septembre 1856, Mère Saint-Paul, après six ans ne pouvant plus être élue prieure selon les Saints-Canons, fut remplacée par Mère Sainte-Adelaïde qui lui confia la direction du Séminaire et celle du Pensionnat.
Grâce à l’héritage de sa défunte mère, Mère Saint-Paul put employer cet argent pour restaurer et agrandir le monastère de Landerneau en 1866, elle dessina elle-même les plans d’un tel projet.
Cette même année, en octobre, les reliques de sœur Françoise de la Nativité (1589-1634, Calvairienne de Morlaix, morte en odeur de sainteté) sont retrouvées et placées sous l’autel de Notre-Dame du Refuge au Calvaire de Landerneau.
« Au moment où Mère Saint Paul prit la direction de l’Institution, écrit une de ses anciennes élèves, ses traits masculins lui donnaient un abord sévère qui la faisaient craindre un peu, et lorsqu’elle arrivait au pensionnat en fronçant les sourcils, ce qui faisait descendre son bandeau jusqu’à ses yeux (elle le portait ordinairement un peu haut), il n’en fallait pas davantage pour rétablir l’ordre presque instantanément. Cette seule phrase : « Voilà Mère Saint-Paul !» faisait l’effet d’une baguette magique qui donnait la sagesse aux plus lutines. Pourtant, elle était aimée de toutes les élèves en général ; mais un sentiment de crainte respectueuse se mêlait à l’affection que nous lui portions. »
Le pensionnat comptait dans les 65 élèves au moment où Mère Saint-Paul était Maîtresse générale du Pensionnat. La Communauté comptait 38 religieuses presque toutes âgées, aussi le travail de la Maison se faisait par les sœurs employées au Pensionnat. Mère Saint-Paul était à tous les travaux pénibles comme la lessive.
Elle décède de la petite vérole le 24 novembre 1866.
[1] Association Amicale des Anciennes Élèves du Calvaire de Landerneau, « Retour sur le passé », L’écho du Calvaire, 1935, p. 89.