Vatican II et les reconfigurations
Dans le sillage du Concile Vatican II, les Constitutions sont révisées : le gouvernement de la Congrégation est plus collégial, les communautés acquièrent une vraie autonomie. Chacune élabore son coutumier, intègre le renouveau biblique et liturgique, prend une « couleur propre ».
En 1987, la Congrégation est associée à la Congrégation internationale de Subiaco-Mont Cassin. Des liens se tissent entre les monastères associés de la province de France. Dès 1991, conscientes de la fragilité de la Congrégation et de l’évolution du monde, nous entamons une réflexion qui entraîne une reconfiguration géographique des implantations. Depuis l’an 2000, les relations entre communautés s’intensifient, des chemins nouveaux se cherchent à Angers, à Jérusalem…
Des Constitutions au service de la vie
Fondées en 1617, dans le courant de la Réforme catholique initiée par le Concile de Trente (1545 – 1563), nous en avons hérité les éléments structurants : la fondation en congrégation avec un gouvernement centralisé, la création des séminaires, les exercices spirituels…
Quatre siècle plus tard, le Concile Vatican II (1962 – 1965) et son aggiornamento entraîne la Congrégation dans un mouvement de fond. Les communautés prennent une véritable autonomie, les sœurs font vœu de stabilité selon la Règle de saint Benoît.
Entre 1962 et 1988, les Constitutions de 1625, qui avaient subi une première révision en 1923 suite à la promulgation du nouveau Code de droit canonique en 1917, sont totalement refondues lors des chapitres généraux de 1971 et 1976.
Puis la promulgation du nouveau Code de droit canon de 1983 invite à nouveau à reprendre le travail. L’aide de la Congrégation masculine de Subiaco à laquelle nous sommes associées en 1987 est alors précieuse.
Dans les nouvelles Constitutions approuvées par le saint Siège en 1988, la première partie concerne l’organisation et la vie des monastères, la deuxième, le gouvernement général. Un vrai renversement s’est produit : le rôle et la place de la Prieure Générale, appelée maintenant Prieure Présidente, et de son conseil, est au service des monastères. Les visites canoniques et les chapitres généraux portent la vie des communautés. La possibilité de solliciter les moines de la Congrégation de Subiaco pour ces moments importants est un vrai recours.
« Nos nouvelles Constitutions, écrit la Supérieure Générale Marie Clotilde Filiâtre, fruit d’une vingtaine d’années de réflexions, d’expérimentations, de discussions, plusieurs fois remises en chantier pour mieux nous conformer aux désirs de l’Église conciliaire soucieuse du rajeunissement adapté des Ordres religieux, ne se prétendent pas parfaites. La vie court plus vite que le Droit ! (…) Il appartient à chacune de nous d’y retrouver son identité de Bénédictine de ND du Calvaire ; la lettre évolue, l’esprit demeure. Et cet esprit, c’est un esprit de Vie, une invitation constante à être des vivantes dans l’Église vivante. »[1]
Aux chapitres généraux de 2011 et 2014, les Constitutions sont à nouveau revues pour répondre à des situations nouvelles dans les communautés. Elles sont approuvées en 2015. Un article concernant la mise en dépendance d’une communauté en fragilité est introduit. Ceci a permis à la petite communauté des quatre sœurs d’Angers de rester sur place sous la vigilance de la Prieure Présidente et de son conseil, les biens passant à la Congrégation. En congrégation, nous pouvons ainsi accompagner au mieux nos soeurs et garder ouvert l’avenir de ce lieu.
De Chapitre en Chapitre
Une première réflexion de Congrégation, suite à Sponsa Christi et à l’évolution de la société, entraîne la fermeture de deux monastère, Machecoul (44) en 1958 et Lacapelle-Marival (46) en 1970. Les monastères de Vendôme et d’Orléans fusionnent et se déplacent à Saint-Jean-de-Braye en 1956. Poitiers se déplace à Saint-Julien l’Ars en 1962 et Landerneau se à Kerbénéat en 1977.
Une réflexion de fond s’amorce en 1991, qui implique toutes les communautés et toutes les soeurs. Le Chapitre général demande l’aide de la Congrégation de Subiaco pour un ‘audit’. Le Père Jean de la Croix, abbé émérite de l’abbaye de Landévennec, visite toutes les communautés, rencontrant chaque sœur. Des questionnaires, des rencontres, une “équipe-antenne” constituées de sœurs des différentes communautés, voient le jour. Peu à peu des orientations se dessinent ainsi qu’une reconfiguration géographique dans des lieux significatifs de notre histoire.
Le monastère de Saint-Julien-l’Ars près de Poitiers se déplace dans le département des Deux-Sèvres dans une région fortement marquée par les guerres de religion.
Le monastère de Saint-Jean-de-Braye près d’Orléans part à Bouzy-la-Forêt, à 10 km des frères de Saint-Benoît-sur-Loire.
Suite au Chapitre général de 2001, le monastère de Kerbénéat ferme en 2002 pour la vie de Jérusalem et la vie de la Congrégation.
Actuellement des chemins nouveaux se cherchent à Angers. Une petite collocation pour jeunes femmes, désirant bâtir leur vie sur le Christ, a vu le jour en 2016.
Pour Jérusalem, en Conseil de Congrégation, nous réfléchissons avec la communauté du Mont des Oliviers, à la façon de partager la grâce du lieu à des moines et des moniales bénédictines.
[1] Lettre de novembre 1990.