une fondation à Jérusalem

Dès son origine, la Congrégation est habitée par le désir d’un monastère à Jérusalem, sur les lieux même où le Christ a souffert. En 1896, ce désir devient réalité. Un terrain est trouvé sur la pente du Mont des Oliviers face à la vieille ville. L’autorisation de fonder est donnée à condition d’ouvrir un orphelinat pour des fillettes de rite melkite.

La Congrégation répond ainsi pleinement à sa mission de prier pour la Paix en Terre Sainte et l’Unité des chrétiens afin que le monde croie. Ces deux intentions sont au cœur de la prière de la Congrégation ; toute sa vie, le Père Joseph travailla avec un zèle missionnaire à l’unité du Royaume et de l’Église.

 « Jérusalem ! Ah ! depuis combien d’années ce nom fait tressaillir mon cœur… Les Filles du Calvaire vont-elles enfin y établir leur tente, y honorer et imiter la Passion du divin Maître, L’accompagner en ses douleurs avec Sa Très Sainte Mère !... »[1]

Jérusalem, au cœur de la spiritualité de notre Congrégation

La volonté de fonder un monastère en Terre Sainte anime la Congrégation depuis ses débuts. Tous les jours, en faisant l'Exercice des Missions, les sœurs priaient pour la Terre Sainte. Près de 300 ans s’écoulent avant qu’une occasion se présente.

Des circonstances providentielles

À la fin du XIXe siècle, la Palestine est sous l'autorité d'un Empire ottoman qui décline et ne parvient plus à s'opposer à l'arrivée des missionnaires. En 1948, le Patriarcat latin est rétabli et abolit l'ancienne exclusivité conférée aux Franciscains. Des congrégations commencent à s'installer dans le pays. En 1886, Mère Saint Jean de la Croix, élue Supérieure générale de notre Congrégation, est toute prête à accomplir le désir des Fondateurs. En 1892, la prieure d’Angers entre en relation avec le vicaire général du Patriarche Grec Melkite de Jérusalem. Deux ans plus tard, un terrain au Mont des Olivers est vendu à la Congrégation par le Comte de Piellat.

« De cet endroit, on découvre toute la Ville de Jérusalem dont on est séparé par la vallée de Josaphat et Gethsémani. La vue s’étend au sud sur la plaine de Réphaïm, du côté de Bethléem (il me semble que l’on voit même le clocher qui s’élève près de la Crèche) ; sur la montagne du désert de Juda et au-delà de la Mer Morte sur le Mont Nébo, sur Moab et Ammo. »[2]

Le comte de Piellat devient rapidement un ami fidèle et assure les travaux du nouveau monastère avant que les Bénédictines n’obtiennent les autorisations nécessaires à la fondation. Mais elles reçoivent une lettre de refus de la Sacrée Congrégation de la Propagande en 1895. Finalement elles obtiennent l’autorisation de fonder par le pape le 8 octobre 1896, à condition d’ouvrir un orphelinat pour des petites filles de rite grec-melchite.

Emménagement au Mont des Oliviers

Le 12 avril 1897, elles peuvent enfin habiter leur monastère et la première messe est célébrée dans leur petite chapelle. Mais étant sous la juridiction du patriarche grec et mal vues par Monseigneur Piavi, le patriarche latin, les sœurs se retrouvent pendant deux ans sans aumônier ! La situation devient extrêmement difficile pour la prieure fondatrice qui souhaite abandonner l’œuvre pour laquelle elles ont été envoyées. Mais Mère Saint-Jean de la Croix tient beaucoup à l’orphelinat et supplie ses filles de rester dépendantes des grecs. Grâce à des négociations serrées avec Monseigneur Piavi et à l’intervention de différents prélats, le 23 décembre 1898, le monastère est enfin placé sous la juridiction des latins.

Des jours moins sombres s'ouvrent alors pour la petite communauté : trois sœurs viennent de France en renfort, des moines bénédictins de la Congrégation de Subiaco viennent s’installer au Mont des Oliviers en attendant que leur monastère d’Abu-Gosh soit construit. Joie pour la petite communauté d’accueillir ces frères qui assurent l’aumônerie pendant quelques mois. Mais la joie est de courte durée : la Prieure contracte la peste et meurt le 17 octobre 1900 et la Sous-Prieure succombe à une affection cardiaque un mois après. La fondation va-t-elle pouvoir subsister ? Mère Saint-Jean de la Croix envoie une nouvelle Prieure, Mère Saint-Anselme et deux autres religieuses au printemps suivant. Au mois de novembre, c'est l'ouverture de l'orphelinat.

Pendant la Première Guerre mondiale, les religieuses sont obligées de s’exiler en France et sont accueillies par la communauté d’Angers. Durant la guerre de 1939-1945, elles restent au Mont des Olivers, survivant grâce à la solidarité locale.

En 1960, les sœurs ouvrent un atelier d’iconographie qui prend rapidement de l’ampleur et connaît aujourd’hui un rayonnement important.

En 1977, l'orphelinat n'étant plus adapté, il est remplacé par une aide financière à la scolarité d'enfants chrétiens.

Fête du centenaire

En 1997, pour la fête du centenaire de la fondation, des sœurs des communautés de France apportent leur soutien. Le centenaire est l’occasion de nombreuses célébrations avec l’église locale et les monastères amis. Sœur Marie du Calvaire, rédige l’histoire du monastère de Jérusalem et, sous la houlette du Père Jean Bernard Livio, sj, deux pèlerinages sont organisés. Une célébration festive a lieu le 27 avril 1997 avec des sœurs de France.

[1] Extrait d’une lettre de Mère Saint-Jean de la Croix, 1890

[2] Lettre adressée à Mère Saint Jean de la Croix en 1894 par le Comte de Piellat.

Portrait de Mère Saint-Jean de la Croix
Portrait du Comte de Piellat
Orphelines accueillies au monastère de Jérusalem
Aquarelle du monastère de Jérusalem réalisée par une pensionnaire du monastère d'Angers, 1898