Joseph de Paris, capucin
François Le Clerc du Tremblay (1577-1638), en religion Joseph de Paris, issu d’une famille de la noblesse de robe, entre chez les capucins en 1599 et reçoit plusieurs fois la charge de provincial de Touraine. Conseiller de Richelieu, très impliqué dans la politique de son temps, le Père Joseph est aussi un maître spirituel de la tradition mystique du XVIIe siècle. Il travaille à la reconquête du Poitou protestant et lance les Missions capucines au Levant.
Jeunesse et entrée en religion
Le 4 novembre 1577 naît à Paris François Le Clerc du Tremblay, baron de Maffliers. Il reçoit la formation d’un parfait gentilhomme et commence à parcourir l’Europe, de l’Italie à l’Angleterre, dans le cadre d’un « voyage initiatique ». Il fréquente le cercle qui se réunit chez Madame Acarie et entre chez les Capucins en 1599. Il est nommé maître des novices en 1604 et devient gardien du couvent de Bourges en 1605 et prédicateur renommé, dévoré par le zèle du salut des âmes spécialement des « infidèles et des hérétiques ».
Une rencontre déterminante
Dans le but d’établir un couvent à Saumur, les Capucins ont besoin de l’appui de l’Abbesse de Fontevraud, ce couvent de Saumur serait la base de départ de mission dans la région où les Protestants sont nombreux. Le Père Joseph reçoit le meilleur accueil de Madame de Bourbon qui lui promet son aide et qui saisit l’occasion pour que Madame d’Orléans, sa coadjutrice, rencontre le Père Joseph et lui expose sa situation.
En priant longuement au sanctuaire de Notre Dame des Ardilliers pour recommander à la Vierge des Douleurs la mission du Poitou et l’établissement des Capucins à Saumur, le Père Joseph reçoit cette « inspiration intérieure : la Vierge lui donnait une claire connaissance que Dieu voulait se glorifier en l’œuvre commencée en la personne de Madame d’Orléans et Elle voulait qu’il l’assistât sans jamais l’abandonner ». Le Père Joseph fit ses objections mais la Vierge lui assura : « que cette œuvre venait de Son Fils et qu’Elle servirait la Gloire de Dieu » ; alors le Père Joseph donna sa volonté entière.
Un appui indispensable pour la fondation des Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire
Le 26 juillet 1611, Madame d’Orléans se retire au prieuré de Lencloître pour y commencer l’œuvre de la réforme impossible à réaliser à Fontevraud. De 1611 à 1617, le Père Joseph se montre assidu à introduire les moniales dans la pratique de l’oraison en leur donnant de multiples enseignements sur la vie spirituelle. Début 1616, il se rend à Rome pour demander l’avis du Pape Paul V pour un projet de croisade avec les princes chrétiens, pour l’établissement des missions dans le Poitou et pour ériger une nouvelle Congrégation : les Bénédictines de Notre Dame du Calvaire. Non sans difficultés, il obtient en novembre le bref pontifical pour la fondation à Poitiers du premier monastère.
Le 25 octobre 1617 Madame d’Orléans quitte Lencloître avec 24 moniales pour vivre de la Règle de Saint Benoît dans la pauvreté à l’école de Marie compatissant aux souffrances de son Fils.
En 1618, au moment de la mort de Madame Antoinette d’Orléans, le Père Joseph se met en route pour Madrid où il espère lancer la croisade. Provincial de Touraine, il continue de suivre la Congrégation et met tout son zèle à favoriser les fondations avec l’appui de la Reine Marie de Médicis, à Angers, puis à Paris.
Le père Joseph: homme politique et religieux
Le 29 avril 1624, Richelieu entre au Conseil du roi et fait du Père Joseph son principal conseiller. On le nomme l’Éminence Grise et, jusqu’à sa mort, il sera mêlé aux missions diplomatiques, travaillant à rétablir la paix entre les princes et les grands du royaume. Cette action politique ne l’empêche pas de développer l’œuvre d’évangélisation de son ordre. En 1625, il devient Préfet des missions étrangères. Il enverra des Capucins à Sidon puis à Constantinople, au Caire en 1631, en Abyssinie, au Canada en 1632 et en Afrique du Nord en 1634.
Il continue durant ce temps de suivre de près la Congrégation des Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire et de donner ses enseignements aux 2 monastères de Paris, celui du Marais où il fait venir les plus douées des jeunes professes pour les former au gouvernement et à la vie spirituelle. On a répertorié plus de 500 exhortations manuscrites que les sœurs des monastères parisiens prenaient en note et transmettaient ensuite aux autres maisons.
Il décède le 18 décembre 1638, ayant demandé qu’on lui lise quelques passages de la Turciade, poème composé par lui pour la délivrance de Jérusalem alors qu’il regagnait la Jérusalem céleste.